Nos enfants vivent de beaux moments en prenant le chemin de l’école depuis quelques jours, après des vacances méritées. De beaux moments, certes, mais qui peuvent aussi nous inquiéter lorsqu’on connaît l’ampleur du problème du décrochage scolaire. En effet, encore aujourd’hui, le Québec est le dernier de classe parmi toutes les provinces dans ce domaine. Si 80 % des jeunes Québécois obtiennent leur diplôme secondaire, seulement 64 % réussissent en cinq ans, selon des données compilées par Statistique Canada et le ministère de l’Éducation. En Ontario, en Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick, 84 % complètent leurs études secondaires en temps réglementaire, et la moyenne canadienne se situe à 77%.
On pense facilement à leur avenir qui est compromis — avec raison d’ailleurs. Mais c’est aussi notre avenir collectif qui est en jeu. Le Québec a plusieurs défis de taille devant lui, dont le vieillissement de la population et la rareté de main-d’œuvre. Nous aurons besoin de tous nos talents, sans exception, pour relever ces défis.
En fait, d’ici les dix prochaines années, environ 1,4 million d’emplois seront disponibles au Québec. Ces postes doivent être pourvus pour assurer notre prospérité collective. Or, la moitié de ces emplois seront comblés par des gens qui sont sur les bancs d’école en ce moment même. Nous n’avons tout simplement pas les moyens de gaspiller ces talents. C’est sans compter qu’un décrocheur crée un manque à gagner de 120 000 $ en taxes et impôts perdus et en services sociaux additionnels requis, selon le Réseau québécois pour la réussite éducative.
Ce constat doit rallier tous les intervenants de la société civile, y compris le milieu économique. Il existe une multitude de moyens que nous pouvons envisager afin que notre relève reste motivée à terminer son parcours scolaire, et les employeurs, les entrepreneurs ainsi que toute la communauté d’affaires ont un rôle à jouer. Par exemple, ils peuvent servir de mentors pour les encourager à poursuivre leur parcours scolaire ou à choisir un parcours qui s’adapte mieux à leurs champs d’intérêts ou projets d’avenir. Certains utiliseront le sport ou les arts et la culture pour demeurer sur les bancs d’école. D’autres pourraient mettre en place des programmes de stages pour les stimuler à persévérer et voir une issue pratique à leur formation scolaire.
De plus, nombre d’organismes interviennent auprès de notre relève afin de les motiver pour qu’ils persévèrent vers leur réussite scolaire, souvent avec peu de moyens financiers. Il faut que le gouvernement du Québec leur accorde l’appui nécessaire à ce qu’ils puissent réaliser leur mission.
Nos jeunes doivent compléter leur parcours académique pour être bien formés à la vie adulte. La réussite éducative doit demeurer une priorité de notre société : il en va autant de l’avenir de notre relève que de notre société.
Par Yves-Thomas Dorval
Président et chef de la direction
Conseil du patronat du Québec