L’Ubérisation de l’immobilier

Montréal et son génie social

Lorsque Denis Coderre, notre maire enthousiaste, proclame Montréal comme métropole du Québec, qu’entendons-nous par cette expression ?

Je la relie tout aussitôt à la suggestion de Wozniak, l’ingénieur fondateur d’Apple et partenaire de Steve Jobs, partagée avec nous lors de sa récente visite à Montréal. N’essayez pas de copier la Silicon Valley. Glorieuse histoire passée, la nouvelle innovation sera plutôt d’arriver à se ressembler, de miser sur nos talents naturels ici à Montréal, au Québec et partout dans le monde.

Qu’avons-nous de spécifique, d’unique que nous pourrions transformer en richesse ? Quelle compétence nous appartient en propre ? Spontanément, je regarde notre société, nos communautés mises au défi par les délires politiques fanatiques et je me dis que nous avons des bases intéressantes.

Nous avons une conscience sociale remarquable, nous tendons à un équilibre qui évite les dérives d’une élite richissime indifférente. Desjardins, notre banque coopérative, en est l’icône la plus forte.

Nous avons toujours aimé la technologie car les grands espaces, souvent pluriels, nous ont obligés à l’utiliser pour former notre société. J’en prends à témoin Alexander Graham Bell, Joseph-Armand Bombardier, Marshall McLuhan, Glenn Gould, Daniel Langlois, Michel Cartier, Sylvain Carle, etc.

Reconfiguration du territoire : villes, territoires, mondes

Cette année, SXSW a demandé à Paola Antonelli de venir présenter sa vision du futur. Conservatrice au MOMA, elle a mis en lumière le design quantique. Comme si l’architecture ne pouvait plus bâtir de manière indépendante dans sa grande superbe.

Le design investit la biologie et donne vie à une architecture invisible. Car nous avons traité à mal la Nature. Science et art veulent se rendre utiles et payer réparation à la Nature. C’est l’ère des frontières floues. La recherche d’interstices, de ponts entre architecture, design, art et science est plus importante que les disciplines elles-mêmes.

Du territoire au réseau, aux cellules

Notre patrimoine architectural est un mashup de notre histoire à la recherche d’un miroir intelligent. Pensons recomposition : comment exploiter l’immobilier qui fige, avec les banques, l’évolution des sociétés modernes ?

Les services offerts aux gens vont primer sur la possession du bâtiment ou du terrain. La connexion, la mise en relation prime sur l’exploitation.

La science sociale computationnelle nous offre une opportunité unique. Pourquoi Montréal ne serait-elle pas une des premières villes-réseaux ?

Les villes qu’il nous faut*

La ville, centre magnétique avec ses cercles concentriques que sont les banlieues et les régions, ne correspond plus à l’expérience des villes intelligentes de partage. Il nous faut une ville sur demande où les données sont traitées pour permettre une maîtrise du système complexe formé par le centre-ville, les banlieues et les régions.

Permettre à nos fonctionnaires de travailler dans des télécentres en banlieue ou en région, près de leur domicile, est un premier pas dans cette nouvelle direction. Offrir aux femmes et aux hommes la flexibilité et la mobilité par le télétravail dans un réseau d’espaces de bureau sur demande. La qualité de vie, les conditions de travail et l’environnement sont tout aussitôt transformées. Amsterdam et la Corée du Sud l’ont démontré.

Maîtriser la ville : science des réseaux

L’ubérisation de l’immobilier, c’est créer l’architecture de services permettant de louer des services en temps réel sur une plateforme de réservation, de facturation et de contrôle d’accès qui permet de rentabiliser le pied carré. Dans un centre de télétravail, chaque siège peut viser un taux d’occupation de 5 pour 1, car la technologie permet de gérer en libre-service des espaces de bureau partagés accessibles 24/7.

Ce nouveau mode de location sur demande laisse aux communautés le soin de créer et d’utiliser les lieux selon ses particularités. Il répond aux besoins des gens, employés, travailleurs autonomes ou entrepreneurs qui veulent plus de mobilité et de flexibilité dans des cellules urbaines résilientes, des éco-villages où mode de vie et mode de ville cohabitent.

Revitalisation de Montréal

Miser sur l’économie des réseaux, car c’est bien là que les prochaines fortunes se créeront, recèlent plus de potentiel que de miser sur les vieilles infrastructures bâties autour des voitures. Le courage politique est de sortir de l’emprise des économies basées sur la voiture, les routes et l’industrie.

Nous souhaitons visualiser sur la plateforme 3D de Google les données sur les buildings de Montréal et les taxes payées, quels buildings sont occupés, quand et où, etc. Comparer les revenus actuels provenant des taxes et les revenus produits par un système de location sur demande. Laquelle des deux approches est la plus créatrice de valeurs ? Les immeubles du centre-ville sont déjà inoccupés dans de nombreux cas. Leur trouver de nouvelles vocations grâce à la participation citoyenne et aux données ouvertes est une tâche que les facultés d’aménagement, d’économie et de gestion pourraient accomplir.

Reconfigurer notre territoire économique en misant sur l’économie des réseaux est véritablement une valeur du futur. L’ubérisation de l’immobilier démontrera que Montréal, ville-réseau, est en voie de devenir la métropole du Hub québécois, du centre-ville aux banlieues et aux régions.

Liens intéressants :

Curious Bridges: How Designers Grow the Future

Paola Antonelli – Her current interest is quantum design, which lives in the “in between” – it is quirky and unpredictable, ambivalent and ambiguous, ultimately combining completely different components to yield something beautiful and new. “In truth, some of the best designers of today are the ones who are able to frame new questions and frame new proverbs,” she said.

Thinking in Network Terms

Albert-László Barabási – “One question that fascinated me in the last two years is, can we ever use data to control systems? Could we go as far as, not only describe and quantify and mathematically formulate and perhaps predict the behavior of a system, but could you use this knowledge to be able to control a complex system, to control a social system, to control an economic system? ”

MIT Is Drawing 10,000 Maps To Save The World

Sep Kamvar – “I realised that whenever I look at a map, it just tells me the streets and the buildings, and that’s such a small fraction of what actually makes up a city,” Kamvar says. “I wanted to make some maps to help people understand their cities better.”

*Conférence Annuelle 2015 du McGill Institute for the Study Of Canada. TItre du panel: Villes Territoires Mondes.

**Source de l’image: http://chaoticatmospheres.com/

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