Les syndicats québécois doivent sortir des années 1970

Lettre ouverte par la présidente et cheffe de la direction par intérim du CPQ, Me Marie-Claude Perreault, publiée le 29 avril 2025 dans Le Devoir.

Ce que nous avons vécu la semaine dernière est inacceptable. Des militants affiliés à la Confédération des syndicats nationaux (CSN) ont pris d’assaut les bureaux du Conseil du patronat du Québec (CPQ), collant sur nos portes et nos murs des centaines d’affiches aux messages intimidants, parfois même menaçants. Ce geste n’avait rien d’anodin. Il était revendiqué. Organisé. Assumé.

Ce n’est pas du militantisme. C’est une attaque contre le dialogue. Une tentative de faire taire ceux qui pensent autrement. Une dérive qui, malheureusement, s’inscrit dans une tendance plus large.

Rappelons qu’il y a à peine quelques semaines, la présidente de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) appelait publiquement à « sortir les gros bras ». Le ministre du Travail, Jean Boulet, a lui-même dû dénoncer cet appel, le qualifiant, à juste titre, de menace.

Ces comportements nous ramènent à une époque qu’on croyait révolue. Celle des vieilles tactiques musclées, des rapports de force brutaux, des dérives qui ont nui à la crédibilité même du mouvement syndical au Québec. En 2025, on ne peut plus tolérer que l’intimidation remplace la discussion.

Visage découvert

Le Québec mérite mieux. Nos travailleurs méritent mieux. Et nos institutions démocratiques, qu’elles représentent les employeurs ou les employés, doivent être respectées.

Au CPQ, nous croyons fermement que la confrontation d’idées est saine et nécessaire. Mais elle doit se faire à visage découvert, avec respect et rigueur. Les grands enjeux auxquels nous faisons face — la transformation économique, la transition énergétique, la rareté de main-d’œuvre — exigent que tous les acteurs soient capables de se parler, même lorsqu’ils ne sont pas d’accord.

Le rôle des syndicats reste fondamental dans notre société. Mais pour jouer ce rôle avec crédibilité, ils doivent évoluer. Il est temps de tourner la page sur les postures d’un autre temps et de s’engager dans un dialogue social moderne, transparent et constructif.

L’avenir du Québec se bâtira par la collaboration, pas par l’intimidation. Et le CPQ continuera, comme toujours, de défendre ses idées fermement, mais respectueusement. Parce que c’est ainsi qu’on fait avancer la société.

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