Création de l’Institut de l’électrification et des transports intelligents, venue du Grand Prix de Formule E à Montréal, mise en place d’une grappe industrielle des véhicules électriques et intelligents, avancées du Réseau de transport métropolitain (REM) de la Caisse de dépôt : au cours des dernières semaines, les nouvelles de ce type se sont multipliées, confirmant chaque fois l’ambition de la région métropolitaine de s’établir comme chef de file dans le développement des véhicules électriques et intelligents.
Cette ambition est légitime compte tenu des atouts sur lesquels Montréal peut miser et des valeurs qui animent un bon nombre de Québécois. Dans un domaine où nous en sommes aux premiers développements concrets, l’innovation et la créativité qui caractérisent la région métropolitaine nous permettront de créer de nouvelles entreprises, qui seront appelées à occuper des positions de tête au cours des prochaines années. La mise en marché rapide d’innovations dans le domaine est facilitée par la sensibilité environnementale des Québécois, qui, notamment, possèdent près de 50 % des voitures électriques vendues au Canada.
L’espace de test qui s’ouvre présentement dans ce domaine pourrait également nous permettre de miser sur deux éléments que nous ne considérons pas toujours comme des atouts : nos hivers et nos routes. La rigueur de l’hiver québécois, tant sur le plan de la température que des chutes de neige, ainsi que l’état de nos routes permettent en effet de tester les batteries et l’ensemble des composantes des nouveaux véhicules dans les conditions les plus difficiles.
Alors que nos gouvernements mettent particulièrement l’accent sur la promotion de l’entrepreneuriat dans leurs politiques publiques, le développement d’une filière des transports électriques et intelligents devrait permettre d’en mesurer les résultats. Car la révolution des transports qui se pointe ira bien au-delà de la fabrication des véhicules : les avions, trains et voitures de demain seront bien davantage des ordinateurs qui se déplacent que du matériel roulant au sens traditionnel.
En favorisant la réalisation de projets-pilotes novateurs mettant à contribution nos entreprises, nos universités et nos institutions publiques, la métropole pourrait devenir la destination de choix pour les entreprises et les investisseurs de la planète voulant développer les technologies de demain, contribuant du même coup au développement d’une expertise unique et d’une prospérité axée sur les valeurs du 21e siècle.
Enfin, ce moment charnière dans le développement des transports devrait également nous permettre de réfléchir collectivement aux changements qui s’annoncent. Au-delà du mode de propulsion et de l’autonomie des véhicules, nous sommes à l’aube d’un véritable changement de paradigme. Plusieurs questions se posent. Si une voiture peut venir vous chercher à la maison sur commande, par exemple, et vous transporter d’un endroit à l’autre, y a-t-il encore nécessité de posséder un véhicule? S’il y a moins de voitures en circulation, quels en seront les impacts sur la circulation, la pollution, la productivité?
Le moment est propice au développement des transports électriques et intelligents, et les opportunités sont énormes. Saisissons l’occasion qui se présente en faisant de Montréal un véritable laboratoire vivant.
Ce texte a été publié par Les Affaires en mai 2017.