Austérité versus prospérité

L’austérité, avant la débâcle économique récente, était un mot neutre, un peu beige pour ne pas dire ennuyeux, un mot sans connotation passionnelle particulière sauf qu’il ne provoquait guère de sourires.

Aux yeux des économistes qui voudraient trop souvent nous faire croire qu’ils pratiquent une science exacte, le mot véhicule une idée forte, voire même une idéologie. Il départage ainsi les spécialistes. En d’autres termes, l’austérité est bien ou mal selon qu’on est de gauche ou de droite.

Cependant, tout n’est pas si simple car à droite comme à gauche, en Europe par exemple, l’on trouve des défenseurs et des opposants aux politiques d’austérité des gouvernements.

Pour les Grecs, qui ont voté pour un parti d’extrême gauche, dirigé par un ancien communiste et qui vient de conclure une alliance avec un petit parti nationaliste d’une droite plus extrême que modérée et qui s’affiche antieuropéenne, cela afin d’obtenir la majorité au Parlement, le choix est clair. L’austérité qu’on leur a imposée est une incarnation diabolique. Les coupes dans les salaires et les emplois ont été faites à la hache plutôt qu’au scalpel, d’où la révolte et le dégoût dans le pays de naissance de la démocratie.

N’allez pas critiquer les Grecs, peu friands de payer des impôts, peu perturbés par des pratiques de corruption et de gabegies de haut en bas et de bas en haut de la société. Les Grecs semblent des citoyens pour qui la prospérité n’est pas le fruit du travail ou de l’effort mais la contemplation des ruines, de leur admirable grandeur passée et d’une culture qui leur donne le sentiment d’être les dépositaires de la richesse de la civilisation qu’ils ont incarnée.

En d’autres termes, les Grecs considèrent l’austérité comme antinomique avec leur identité nationale. Or ce pays si singulier et rebelle car tourné vers son époque glorieuse, risque de faire sauter l’Europe et avec elle la prospérité.

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