Transport de marchandises : le mal-aimé au cœur de la qualité de vie des Québécois et de notre prospérité

Lettre d’opinion du président-directeur général du Conseil du patronat du Québec, Yves-Thomas Dorval.

www.cpq.qc.ca, p. web – 23 mars 2017


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C’est quand les choses viennent à manquer que nous nous rendons trop souvent compte de leur importance. Par exemple : qu’est-ce qu’il arrive si les épiceries ne reçoivent pas leur approvisionnement de produits de première nécessité, si nos exportations n’atteignent pas leur destination, ou si les provisions qui arrivent par bateau et les médicaments qui arrivent par avion ne peuvent pas être déchargés et transférés assez rapidement sur un transporteur pour se rendre au manufacturier, au détaillant, au consommateur ?

On en parle peu, et pourtant le secteur du transport des marchandises est au cœur même de la qualité de vie des citoyens et des échanges commerciaux qui assurent notre prospérité. Parmi le lot, le camionnage est le plus utilisé avec 54% du tonnage total, suivi du transport maritime (32%), ferroviaire (14%) et aérien (moins de 1%). Au Québec, le transport des marchandises représenterait des retombées annuelles de 13,4 G$, soit 4% du PIB (2015), quelque 115 400 emplois (2014) et plus de 500 millions de tonnes de marchandises transportées annuellement.

Parallèlement, alors que le gouvernement provincial s’est engagé à réduire ses émissions de GES de 37,5% sous les niveaux de 1990 d’ici 2030 et le Canada de 30% d’ici 2030 par rapport à 2005, Québec doit mettre en place les outils pour orchestrer sa transition énergétique, notamment avec la création de Transition énergétique Québec et la révision de la gestion du Fonds vert. Globalement, le transport est responsable de 40% de l’ensemble des émissions de GES et le transport des marchandises représentera bientôt la moitié de ces émissions.

Or, le Québec, qui a toujours constitué une porte d’entrée importante vers les marchés nord-américains, cherche aujourd’hui à consolider sa place dans le commerce transfrontalier dans un contexte où la mondialisation et l’accroissement des flux commerciaux, combinés à l’augmentation de la population et à la modification des pratiques de consommation, continueront de pousser vers le haut la demande pour la circulation des marchandises et des biens de consommation.

Alors, comment favoriser la croissance des différentes chaînes de cette industrie logistique tout en réduisant leur empreinte carbone? C’est la question que le CPQ a posée à un important groupe d’entreprises, d’experts du transport des marchandises et d’organisations tant du milieu des affaires qu’environnemental.

En cette année qui est dominée par la thématique de la mobilité durable et à quelques jours de l’annonce des budgets fédéral et provincial, une démarche ambitieuse à l’égard non seulement du transport des personnes, mais aussi des marchandises et de sa logistique apparaît être un facteur de succès incontournable permettant à la fois la croissance économique et l’atteinte des cibles de réduction des émissions GES que nous nous sommes fixées, et ce, dans le cadre d’une politique de mobilité durable.

Ce secteur est en fait fortement tributaire des investissements dans les infrastructures stratégiques, dans la modernisation des pôles logistiques et la réfection des routes, ce qui peut se réaliser seulement avec une collaboration et un appui multisectoriels (finance, infrastructures, énergie, logistique, recherche et institution) des trois paliers gouvernementaux au développement et à la mise en œuvre de nouvelles solutions technologiques et logistiques. Les efforts doivent être accentués pour que l’industrie puisse saisir les nouvelles possibilités pour optimiser l’intermodalité des transporteurs et améliorer les déplacements.

L’industrie est prête à briser les silos de ses différentes chaines (routière, ferroviaire, maritime et aérienne) et à se mobiliser pour travailler proactivement à réduire son empreinte carbone. Mais, tout comme Québec l’a fait pour la Stratégie maritime, les gouvernements doivent opérer une véritable prise de conscience et accorder à l’ensemble des composantes de ce secteur névralgique les moyens de demeurer un moteur économique nécessaire à la vie des Québécois tout en veillant à son impact environnemental.

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