Le Québec mérite un régime de santé et sécurité au travail modernisé (SST)

Le Québec mérite un meilleur régime de santé et sécurité au travail. En fait, nous méritons un régime plus efficace et plus responsable.

Lettre ouverte cosignée par Yves-Thomas Dorval, président et chef de la direction du CPQ, publiée le 25 février 2020 dans le journal Métro et Le Quotidien.

Le Québec est reconnu pour le caractère unique en Amérique du Nord de son modèle social qui protège davantage les plus vulnérables et procure un soutien plus généreux pour ceux qui font face aux coups durs de la vie.

Nous pouvons être fiers d’avoir une des sociétés les plus justes du continent. C’est ce qui nous caractérise et nous différencie.

Il y a quarante ans, le législateur a fait le choix de réformer son régime de protection des travailleurs, afin d’ajouter certaines dispositions qui vont plus loin que nos voisins. Pensons notamment aux responsabilités confiées aux professionnels de la santé en matière de SST ou au programme de maternité sans danger.

Depuis, le Québec a continué d’évoluer, mais les choix du passé, adoptés dans un contexte différent, se butent aujourd’hui aux changements de plus en plus rapides de notre société.

La vigueur de la croissance de notre économie et la pénurie de main-d’œuvre créent une pression supplémentaire sur un régime déjà fragile, coûteux et dysfonctionnel. Cela a des impacts pour tous les citoyens. Il faut maintenant prendre le temps de nous poser la question suivante :

Après quarante ans, le régime actuel de santé et sécurité au travail correspond-il aux réalités d’aujourd’hui ?

Les représentants des employeurs que nous sommes n’iront pas par quatre chemins : le Québec doit modifier les dispositions qui n’ont plus raison d’être ! Nous méritons un régime fonctionnant comme un véritable modèle, qui sera à la fois plus efficace, plus responsable et plus équitable pour tous, notamment en matière assurantielle. Il est temps de faire une véritable modernisation de notre régime de santé et sécurité au travail et d’aller de l’avant.

Saviez-vous que les réclamations pour surdité acceptées par la CNESST en 2018 étaient deux fois plus nombreuses qu’en Ontario ? En fait, les cas de surdités professionnelles de 2018 sont six fois plus nombreux qu’en 2008 au Québec. Le régime de santé et de sécurité au travail a donc engagé au 31 décembre 2018 pour plus d’un milliard de dollars afin de couvrir les cas de surdité dont la croissance est fulgurante. Il serait étonnant qu’il y ait une condition médicale différente au Québec. Il faut plutôt y voir un dysfonctionnement du système.

Saviez-vous également que le Québec est le seul endroit au Canada où la loi impose au médecin traitant de nombreuses tâches de suivi administratifs ? Ainsi, le médecin passe un temps fou à remplir de la paperasse à répétition dans le cadre d’un accident de travail. Toutes ces heures pourraient pourtant servir à soigner, guérir et remettre sur pied les patients qui en ont besoin.

Poser ces questions, c’est répondre à la première : le Québec mérite un meilleur régime de santé et sécurité au travail. En fait, nous méritons un régime plus efficace et plus responsable.

Il faut assurer la pérennité du système actuel pour que les générations futures bénéficient de protections adéquates et équitables. Il faut réduire les délais et améliorer l’efficacité du système en place. Il faut aussi mieux accompagner et soutenir les travailleurs dans leur réhabilitation. En fait, le Québec mérite un régime qui prend mieux soin des personnes lorsqu’elles en ont besoin. Voilà les véritables enjeux auxquels nous faisons face.

C’est un défi qui doit tous nous préoccuper, car c’est ensemble à travers le dialogue que nous pourrons améliorer notre régime de santé et sécurité au travail et qu’ainsi nous garantirons notre prospérité collective.

Signataires

Yves-Thomas Dorval, président et chef de la direction, Conseil du patronat du Québec (CPQ)
Charles Milliard, président-directeur général, Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ)
François Vincent, vice-président, Québec, Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI)

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