Changement de la norme nickel – Rétablir les faits

Lettre ouverte cosignée par Karl Blackburn, président et chef de la direction du CPQ, publiée le 11 février 2022 dans La Presse.

Fin décembre, le gouvernement du Québec annonçait sa volonté de modifier la norme en matière de concentrations atmosphériques de nickel. Cette modification prévoit la hausse de la valeur limite journalière de nickel tolérée dans l’air ambiant de 14 à 70 nanogrammes par mètre cube (ng/m3) et l’ajout d’un taux annuel moyen qui ne peut excéder 20 ng/m3.

Certaines personnes ont manifesté de l’inquiétude face à cette proposition. À notre avis, des clarifications s’imposent.

Ce projet de règlement du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques s’appuie sur les travaux d’experts indépendants, dont la Dre Michèle Bouchard, titulaire de la Chaire d’analyse et de gestion des risques toxicologiques et vice-doyenne à la recherche de l’École de santé publique de l’Université de Montréal. Un comité interministériel a également œuvré durant quatre ans à la révision de cette norme.

À la lumière de cette démarche, les scientifiques, organismes et ministères qui ont participé à émettre une recommandation sont formels: à 14 ng/m3, la norme en vigueur est indûment sévère. Établie en 2013, elle repose sur une seule étude datant de 1978 et dont la méthodologie ne répond pas aux critères reconnus par la communauté scientifique internationale en matière d’études toxicologiques.

S’appuyer sur les données

Qu’en est-il de la nouvelle norme permettant des pics journaliers allant jusqu’à 70 ng de nickel/m3 recommandée par le Ministère?

D’une part, elle s’appuie sur des données probantes qui permettent aux experts de soutenir qu’une exposition de moins de 24 heures à un tel taux de nickel n’a pas d’impact réel sur la santé.

Un avis publié par la Direction de santé publique de la Capitale-Nationale en 2015 souligne d’ailleurs qu’aux concentrations observées, le risque que l’exposition au nickel entraîne des effets sur la santé de la population est faible.

D’autre part, cette norme est inférieure au seuil permis en Ontario qui s’élève à 100 ng/m3 par jour. Elle est également plus sévère que dans la plupart des États européens où aucune limite journalière n’est fixée, tant que la moyenne annuelle ne dépasse pas 20 ng/m3.

Développer des projets durables

Le nickel est naturellement présent dans l’air, le sol, l’eau, les plantes et divers aliments. Son émission atmosphérique provient aussi de la combustion d’hydrocarbures et de l’incinération des déchets. Bien qu’au Québec la concentration de nickel soit déjà bien en deçà des seuils jugés sécuritaires pour la santé, les sociétés minières vont plus loin et améliorent de manière proactive leurs pratiques pour minimiser les émissions potentielles.

Fait peu connu: le nickel est également une composante essentielle de la batterie. Dans un contexte où il y a une volonté de faire du Québec un pôle de la filière batterie, la modification de la norme contribue à renforcer notre capacité à remplir ce rôle et à participer au mouvement de lutte contre les changements climatiques, sans faire de compromis sur la protection de la santé de la population.

L’évolution de la norme de nickel atmosphérique se situe donc au carrefour du développement responsable et du respect de la santé de nos communautés.

Les changements proposés respectent les avis d’experts indépendants, tiennent compte de la santé des citoyens et contribuent au développement durable.

Nous croyons qu’ils sont justifiés.

Signataires

Karl Blackburn, président et chef de la direction du Conseil du patronat du Québec (CPQ); Hélène Lauzon, présidente-directrice générale du Conseil patronal de l’environnement du Québec (CPEQ); Josée Méthot, présidente-directrice générale de l’Association minière du Québec (AMQ); Charles Milliard, président-directeur général de la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ)

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