Prospérité : définition citoyenne

Chacun a sa définition de la prospérité. Autrefois, avoir l’air prospère voulait dire avoir l’air heureux, content, en bonne santé. Le mot vient du latin prosperare qui signifie « rendre heureux », « faire réussir », « obtenir le succès ». Le sens économique du mot prospérité est apparu au milieu du 18e siècle avec la naissance de l’économie politique : état d’abondance, augmentation des richesses, expansion. Aujourd’hui, quelqu’un de prospère est une personne dont les affaires vont bien, dont la réussite est manifeste. Le mot s’applique aux nations autant qu’aux individus.

À l’automne 2014, l’événement Je vois Montréal, a rassemblé un millier de personnes à la Place des Arts pour réfléchir et lancer des projets afin de donner une nouvelle impulsion au développement de la métropole. À cette occasion, les organisateurs nous ont demandé de composer un jury de citoyens pour définir quels sont les indicateurs à partir desquels nous pourrions mesurer la prospérité de Montréal.

Un jury de citoyens est un groupe de personnes représentatives d’une collectivité sur le plan sociodémographique, à qui on demande de donner un avis sur une question.

Pour les douze citoyens choisis au hasard qui constituaient ce jury, la prospérité est « synonyme d’une richesse collective et pérenne, tant économique, sociale que culturelle, dans un environnement sain. Cette richesse doit contribuer à l’épanouissement et au bien-être de tous les individus et des communautés; elle doit leur permettre de vivre dans la dignité et de s’impliquer à la mesure de leurs capacités. La prospérité est le partage équilibré des ressources et des opportunités. » [1]

Cette définition originale de la prospérité a été inspirée aux membres du jury citoyen entre autre par l’OCDE et par l’agence des Nations Unies ONU-Habitat. Ces deux organisations, parmi plusieurs autres, remettent en question depuis quelques années le principe selon lequel le PIB par habitant serait le seul indicateur pour mesurer la prospérité d’une collectivité.

La réponse à la question qui était posée au Jury de citoyens n’est pas simple. Les jurés ont laissé aux experts le soin de choisir les indicateurs les plus pertinents. Mais, après avoir adopté leur définition de la prospérité, ils ont formulé une vision de Montréal pour les prochaines décennies et, à partir de cette interprétation de la ville idéale, ont identifié une trentaine de dimensions à mesurer pour savoir si la collectivité va dans la bonne direction.

Outre les catégories habituelles de croissance économique, investissements, chômage, emploi et scolarité, les dimensions répertoriées par les citoyens incluaient les inégalités socio-économiques, le sentiment d’appartenance à la ville, la participation citoyenne et l’éthique, toutes choses qui contribuent, selon eux, à la prospérité d’une ville ou d’une nation. Elles sont regroupées en cinq catégories : la vitalité économique, l’ouverture sur le monde, la vitalité sociale, la gouvernance et la qualité de vie.

« Notre vision d’avenir, écrivent-ils, est celle d’un Grand Montréal reconnu internationalement pour être vert, technologique et culturel. Ses citoyens bénéficient d’un système d’éducation de qualité. Le Grand Montréal est une région facilement accessible. Ses habitants et ses visiteurs bénéficient d’infrastructures et d’un système de transport collectif et actif efficace et universel. Son espace public est sécuritaire et convivial. Le marché du travail offre des emplois de qualité, et soutient l’entrepreneuriat. Les investissements misent sur des secteurs économiques prioritaires, notamment un pôle technologique générateur d’une économie durable et l’agriculture urbaine. Le Grand Montréal est francophone, ouvert sur le monde et attractif. Il est reconnu pour l’intégration économique et culturelle de ses immigrants. Le Grand Montréal bénéficie d’une excellente cohésion entre les divers paliers politiques et d’une synergie entre ses acteurs socioéconomiques. Enfin, le Grand Montréal est inclusif et protège la dignité de l’ensemble de sa population. »

Aux yeux de ces citoyens donc, la prospérité comporte bien d’autres dimensions que celles de la vitalité économique. En même temps, tous ces autres aspects contribuent à la vitalité économique. Le PIB est un indicateur parmi d’autres. Et la prospérité implique inévitablement le partage.

[1] L’avis intégral du Jury de citoyens est disponible sur le site web de l’Institut du Nouveau Monde : http://inm.qc.ca/wp-content/uploads/2015/04/Avis_JURY_20141105_final_v44.pdf

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