Pour la pérennité des PME du Québec

Le 5 juin 2014, j’ai assisté au RDV Relève inc qui s’est tenu au Hilton Québec. Les résultats de l’étude Le transfert des entreprises à la relève: un enjeu majeur pour l’économie du Québec et la pérennité des PME, une étude de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, commanditée par le Fonds de solidarité FTQ et réalisée en collaboration avec Raymond Chabot Grant Thornton, ont été révélés lors de cet événement.

J’ai appris, entre autres, que faute de relève adéquate, environ 8 000 à 10 000 PME du Québec risquent de fermer leurs portes d’ici 10 ans.

Comme les PME constituent le cœur de l’économie du Québec, leur santé ainsi que leur pérennité sont cruciales pour l’avenir du Québec. « Elles génèrent 87 % des emplois du secteur privé et 80 % d’entre elles sont familiales. Avec le vieillissement de la population dans la région de la Capitale-Nationale, 23,6 % de la population sera âgée de 65 ans et plus en 2021 (ISQ 2009). La population de la Capitale-Nationale sera de 2,2 millions en 2031. Près de 40 % de nos chefs d’entreprises, majoritairement de la génération des baby-boomers, seront en âge de passer le flambeau d’ici dix ans! », précise Francis Nadeau, coordonnateur du Centre de transfert d’entreprises de la Capitale-Nationale.

Cette évolution démographique met donc à risque la pérennité des PME du Québec.

Depuis les dernières années, je remarque que plusieurs efforts ont été accomplis. En plus de différents événements mettant en vedette des témoignages d’entrepreneurs qui ont réussi leur transfert, des organisations (institutions financières, bureaux de comptables, avocats, etc.) ont mis en place ou adapté des outils pour favoriser la reprise d’entreprises. Je pense particulièrement au projet Initiative relève de la Fondation de l’entrepreneurship et au Fonds Relève Québec. Diane Déry, vice-présidente, service aux entreprises, Centre et Est du Québec à la Banque Nationale et membre du conseil d’administration de la Fondation de l’entrepreneurship, est du même avis. « Nous constatons dans le marché une certaine accélération des cas de transfert. C’est un signe de progrès. »

Il reste toutefois qu’il y a maintenant de la confusion pour les acteurs concernés, les cédants et les repreneurs. Éric Dufour, associé et leader national en transfert d’entreprise chez Raymond Chabot Grant Thornton, explique que c’est dû au grand nombre de joueurs, à la multitude de programmes disponibles et à l’absence d’une harmonisation des approches.

« Bien que plusieurs mesures gouvernementales existent, 82 % des propriétaires et dirigeants de PME ne connaissent pas les actions qui ont été entreprises par le gouvernement du Québec au cours des deux dernières années en matière de transfert d’entreprise selon un sondage RCGT-CROP de novembre 2013 : La relève entrepreneuriale, un enjeu de taille pour l’avenir économique du Québec. Ce pourcentage n’est guère plus élevé chez les entrepreneurs qui prévoient céder leurs affaires à court terme. »

Les entrepreneurs sont bien sensibilisés à l’enjeu. Ils comprennent l’importance de s’entourer pour y parvenir (comptables, professionnels, entrepreneurs qui ont déjà vécu la même situation, mentor du Réseau M, etc.). Ils prennent, par contre, encore trop de temps avant de débuter concrètement leur processus de transfert.

Il faut comprendre que certains entrepreneurs repoussent l’échéance par peur de perdre leur entreprise. Ils ont aussi leur lot d’inquiétudes quant à la préparation de leur retraite, en plus d’être mal outillés ou peu au fait des actions entreprises par le gouvernement du Québec en matière de transfert d’entreprise.

Il est important de leur rappeler que la question de la relève doit se planifier le plus tôt possible et qu’ils doivent veiller à l’inclure dans leur planification stratégique. La complexité du processus est d’ailleurs sous-estimée. L’étude du Fonds de solidarité FTQ et de la firme Raymond Chabot Grant Thornton révèle que 83 % des entrepreneurs croient que ce processus s’effectue sur trois ans ou moins. Francis Nadeau mentionne qu’en général un entrepreneur qui est dans les débuts de la cinquantaine devrait sérieusement se pencher sur la mise en place de sa relève.

Éric Dufour ajoute qu’un transfert mal planifié se traduit souvent par la perte de savoir-faire du propriétaire. « Pour faire un transfert dans les règles de l’art, il est prouvé qu’il faut généralement entre 5 et 8 ans. Cette période peut sembler longue, mais elle est essentielle pour assurer la pérennité de l’entreprise, surtout que 70 % des entreprises ne survivent pas au passage à la deuxième génération et que seules 10 % survivent au passage à la troisième. »

La relève entrepreneuriale est donc très importante pour la prospérité du Québec.

Selon Diane Déry, la relève entrepreneuriale permet, entre autres, de créer de la richesse qui procure des choix de société. « Le Québec inc. s’est construit au fil de plusieurs années d’efforts et il est important d’assurer la pérennité de nos entreprises et sièges sociaux. » Elle facilite l’accueil des nouveaux arrivants qui souhaitent prendre part à une société dynamique et prospère. Elle permet également de tirer profit de la nouvelle révolution technologique. « Une proportion importante des types d’emploi sont vulnérables à l’automatisation au cours des 10 à 20 prochaines années. Il faut savoir bénéficier du changement plutôt que de le subir. »

Pour Éric Dufour, la relève entrepreneuriale permet d’assurer le transfert progressif des connaissances, de favoriser la création de valeurs et des investissements dans l’entreprise, de retenir les employés clés ainsi que de faire un retrait progressif afin de donner accès à des liquidités pour financer d’autres projets.

Afin d’aller plus loin et mieux comprendre l’importance de cet enjeu, je vous suggère trois lectures. Vous y trouverez également plusieurs ressources utiles :


Le transfert des entreprises à la relève: un enjeu majeur pour l’économie du Québec et la pérennité des PME,
étude réalisée par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, commanditée par le Fonds de solidarité FTQ et réalisée en collaboration avec Raymond Chabot Grant Thornton.

Sondage exclusif sur la relève entrepreneuriale réalisé par Raymond Chabot Grant Thornton et CROP.


La relève est-elle au rendez-vous au Québec?
Étude réalisée par le Centre de vigie et de recherche sur la culture entrepreneuriale de la Fondation de l’entrepreneurship en collaboration avec la Caisse de dépôt et placement du Québec.

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