Conférence de Paris : les entreprises aussi ont un rôle à jouer

Avec la Conférence de Paris qui est en cours, l’enjeu de la réduction des émissions de GES et des changements climatiques prend l’avant-plan sur scène politique et médiatique. Nous voyons nos principaux dirigeants politiques se positionner sur le sujet, mais quand vient le temps d’agir, le secteur privé a aussi un rôle déterminant à jouer.

Selon Statistique Canada, les ménages ont utilisé 23,3 % de toute l’énergie consommée au Canada en 2013. Les entreprises de toutes sortes et l’administration publique ont ainsi pris plus des trois quarts des ressources énergétiques du pays cette année-là, tout en générant plus de 80 % des GES.

Les entreprises et les grands donneurs d’ouvrage dans le secteur public sont donc ceux qui peuvent avoir le plus grand impact, et ils peuvent y arriver en favorisant l’achat de technologies propres et de produits verts.

Dans un premier temps, nous avons profité de plusieurs avancées importantes ces dernières années en matière de technologies propres. Énergie éolienne et solaire, biocarburants, efficacité énergétique, utilisation du gaz naturel en transport lourd et maritime… Nous profitons déjà tous de ces développements. Il a fallu du temps et surtout des investissements importants pour y arriver. Avec l’état actuel de nos finances publiques, c’est définitivement du côté du secteur privé qu’il faut se tourner pour continuer de faire ces investissements. C’est aussi la meilleure façon de s’assurer que les technologies développées et commercialisées seront utilisées.

Mais il faut se relever les manches. Car même si nous continuons d’investir de plus en plus, d’autres pays augmentent la cadence, si bien que nous avons glissé, entre 2005 et 2013, du 14e au 19e rang mondial dans le marché des biens environnementaux manufacturés. La Chine, qui connait de plus en plus de problématiques de santé publique liés à la pollution, a mis les bouchées doubles, et occupe ainsi aujourd’hui 20 % du marché mondial[1].

Pour remonter la pente, il faudra plus d’innovation dans les entreprises déjà existantes. Mais il faut surtout mettre en place tout un écosystème pour développer une véritable économie propre. Identifier les entrepreneurs les plus prometteurs. Les soutenir et les outiller pour qu’ils développement des technologies propres innovantes et qui vont trouver preneur.

Ce qui m’amène à mon deuxième point. À quoi bon développer de nouvelles technologies propres si ne nous les utilisons pas ensuite? C’est probablement là que nous pouvons avoir le plus d’impact comme entreprises et grands donneurs d’ouvrage. Comme nous consommons la plus grande part de l’énergie, c’est notre rôle de montrer l’exemple, de donner une impulsion pour que tout le Québec prenne le virage des technologies propres.

Comme grands consommateurs d’énergie et de ressources, les entreprises peuvent générer un impact très important si elles se tournent vers des technologies leur permettant d’être plus efficace et plus environnementales. C’est aussi un moyen pour elles de générer des économies importantes, et les réinvestir ailleurs, comme en recherche et développement, pour alimenter la création de nouvelles innovations.

Le secteur public, en tant que grand donneur d’ouvrage, peut aussi être la source de cette impulsion encourageant une plus grande utilisation des technologies propres. Il suffirait de prévoir quelques critères dans les appels d’offres, par exemple, pour encourager l’intégration de ces technologies dans des travaux publics d’envergure.

Et nous avons quelques exemples, au Québec, de technologies que nous pourrions utiliser davantage. Le gaz naturel liquide offre plusieurs avantages environnementaux et économiques dans le transport lourd, et c’est un produit qui est disponible. Le carburant pour l’aviation développé par Agrisoma, ou encore l’éthanol produit à partir de matières résiduelles municipales d’Enerkem en sont d’autres exemples. Il y a Distech Controls aussi, qui a mis au point des technologies et des services en gestion du bâtiment pour les rendre plus éco-performants.

Bref, même si ce sont les acteurs politiques qui occupent l’essentiel de l’espace public dans le cadre de la conférence de Paris, de réels changements viendront du secteur privé et qui sera un vecteur de développement pour une économie plus verte.

[1]Selon Analytica Advisor, pris sur le Globe and Mail : http://www.theglobeandmail.com/report-on-business/international-business/canada-falling-behind-clean-tech-competition/article24627638/

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