Finances publiques : un défi incontournable

Lettre ouverte d’Yves-Thomas Dorval, président-directeur général du Conseil du patronat du Québec


Le Soleil, p. 39 – 18 juin 2014



Le Journal de Montréal, p. 40 / Le Journal de Québec, p. 18 – 19 juin 2014



Les Affaires, p. 8 – 21 juin 2014



Le Quotidien (Chicoutimi), p. 12 – 25 juin 2014



Le Nouvelliste (Trois-Rivières), p. 13 – 28 juillet 2014

Plusieurs rapports d’experts sur l’état des finances publiques du Québec déposés récemment, dont celui des économistes Luc Godbout et Claude Montmarquette, ont brossé un portrait plutôt sombre de la situation financière du Québec.

Le budget du Québec, présenté au début de juin, par le ministre des Finances, Carlos Leitão, a confirmé ce constat : plus que jamais, le Québec vit au-dessus de ses moyens et se trouve en situation de déficit structurel.

Selon ce budget, le déficit pour l’exercice budgétaire 2013-2014 atteint 3,1 milliards $ et se chiffrera à 2,35 milliards $ en 2014-2015.

Le Québec, par ailleurs, est confronté aujourd’hui à une dette publique qui ne cesse d’augmenter, à de faibles prévisions de croissance économique, de même qu’à un vieillissement démographique de plus en plus marqué.

Force est de constater que, dans ce contexte, il sera de plus en plus difficile pour le Québec de continuer à financer les généreux programmes qu’il s’est donnés au fil des ans sans un impact significatif pour les générations futures, à moins que ne soient apportés des changements substantiels dans nos façons de faire.

La principale question que nous devons nous poser, comme société, est de savoir pourquoi le Québec doit toujours être plus généreux qu’ailleurs en Amérique du Nord alors que sa richesse collective est plus faible et sa dette publique plus élevée. Il faut donc se demander, d’une part, comment moduler nos programmes et nos dépenses en fonction de notre capacité de payer, et, d’autre part, comment accroître notre richesse collective.

Il n’existe pas de solution magique. Le gouvernement se doit d’examiner méticuleusement chacun de ses programmes, de même que ses structures administratives et de gouvernance, en les comparant notamment à ce qui existe ailleurs au Canada. Aussi longtemps que notre richesse sera inférieure à la moyenne canadienne, nos programmes ne pourront pas être plus généreux qu’ailleurs; ils devraient être ramenés à la moyenne.

Heureusement, la population et les élus prennent de plus en plus conscience du mur vers lequel se dirige le Québec si nous adoptons la politique de l’autruche et maintenons le statu quo.

L’adoption du principe de cran d’arrêt sur les dépenses publiques, à savoir qu’aucun nouveau programme ne sera autorisé sans être compensé par des économies ailleurs dans l’appareil gouvernemental, et la mise sur pied rapide de la Commission de révision permanente des programmes et de la Commission d’examen sur la fiscalité québécoise constituent en ce sens d’excellentes nouvelles, car elles permettent, à court terme, le ralentissement nécessaire de la croissance des dépenses publiques et, à long terme, une analyse rigoureuse et exhaustive à la fois des dépenses et des revenus de l’État.

Le même effort de réflexion doit être entrepris pour ce qui est de notre potentiel de création de richesse qu’il faut libérer, particulièrement sur le plan de nos ressources naturelles, dont les hydrocarbures, de façon responsable et durable. D’autres pays, comme la Norvège, l’ont fait, tout en assurant une couverture sociale généreuse et des perspectives équitables pour les générations futures. Nous avons tous les atouts pour le faire; il n’y faut que de la volonté.

Au-delà de ces considérations, la prospérité du Québec, qu’on le veuille ou non, dépend aussi de la reconnaissance des Québécoises et des Québécois de la contribution importante des entreprises dans la création de la richesse collective et la croissance économique, et de leur soutien à cet égard. Sans cette croissance et sans cet appui, il deviendra impossible de maintenir ou d’améliorer divers programmes essentiels à notre qualité de vie, notamment en éducation et en santé.

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