Plateforme économique 2022-2024 – Le Québec à l’heure des choix

La société québécoise fait l’envie de plusieurs sur la planète grâce à la qualité de vie de ses citoyens, à son économie diversifiée, à sa stabilité politique et à un climat social axé sur la collaboration et la recherche de consensus. La situation financière des gouvernements et des ménages présente des bases saines. Au fil des années, le Québec s’est doté de programmes sociaux et de mesures qui assurent une répartition équitable de notre richesse.

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Le Québec dispose d’importants atouts et d’une capacité d’adaptation importante pour continuer de grandir, de prospérer et de s’enrichir, individuellement et collectivement. Il peut d’abord miser sur ses forces : un système d’éducation accessible et de qualité, des ressources naturelles abondantes, une économie diversifiée et des écosystèmes d’entreprises dynamiques, la disponibilité d’une énergie propre à coût compétitif, une situation géographique enviable près des grands marchés, l’atout du fleuve du Saint-Laurent en tant qu’autoroute du commerce international, un dialogue social constructif, une langue commune qui nous distingue, une culture unique et florissante et l’accès à bon nombre d’autres langues qui nous ouvrent vers l’étranger, pour ne nommer que quelques exemples.

La pandémie nous a fait mal : elle a forcé des replis et durement affecté des secteurs entiers de notre économie. Mais elle nous a aussi projetés dans le 21e siècle en quelques semaines à peine. Elle a forcé des transformations, elle a accéléré des innovations, elle nous a obligés à tout revoir, de l’organisation du travail à l’occupation du territoire, du système de santé à notre réseau de l’éducation, des chaînes d’approvisionnement à la transition écologique. Elle a éliminé certaines frontières et créé d’autres barrières. Elle a provoqué certaines inégalités, mais aussi créé de nouveaux domaines d’activités. En bref, elle a amplifié des problèmes, mais aussi ouvert de nouvelles possibilités.

Or, nous affrontions déjà d’autres phénomènes fondamentaux, comme le vieillissement de la population, l’analphabétisme, le décrochage scolaire et les coûts et l’organisation du système de santé.

En effet, depuis 2014, la population québécoise en âge de travailler (de 15 à 64 ans) est en diminution. La génération des baby-boomers quittant progressivement la population active, nous nous retrouvons dans une situation où le nombre de sorties du marché du travail est plus élevé que le nombre d’entrées. Ce phénomène démographique, combiné à la bonne performance en matière de création d’emplois, accentue la rareté de main-d’oeuvre. Dans les faits, le Québec affiche l’un des taux d’emploi les plus élevés parmi les pays membres de l’OCDE.

D’ici une vingtaine d’années, la population québécoise sera parmi les plus âgées en Occident. En 2011, environ 1 personne sur 6 était âgée de 65 ans et plus ; aujourd’hui, c’est 1 personne sur 5 et ce sera le cas de 1 personne sur 4 en 2031. En 2011, la proportion d’aînés âgés de 85 ans et plus était de 12 %, alors qu’elle sera de 20 % en 2041.

Les conséquences du vieillissement de la population sont nombreuses. En premier lieu, il est à l’origine de la pénurie de main-d’oeuvre que nous traversons actuellement et qui perdurera jusqu’au début de la prochaine décennie, avec comme résultat que notre économie tournera au ralenti faute d’être en mesure de pourvoir les postes vacants. En second lieu, le vieillissement a une incidence majeure sur les finances publiques dans le sens où il exerce une pression à la baisse sur l’assiette fiscale des gouvernements et engendre, en même temps, un accroissement notable de leurs dépenses. Ainsi, étant donné notamment que les dépenses liées à la santé augmentent de manière exponentielle avec l’âge, le budget de la santé du Québec est appelé à augmenter de près de 5 % par année au cours des 20 prochaines années. En somme, beaucoup de nos acquis sont menacés à moins d’une sérieuse prise de conscience et d’une série de gestes pour transformer cette situation en occasion à saisir.

Une autre situation critique pour le développement du Québec est que le français se porte mal chez les francophones de la province, notamment parce qu’un Québécois en âge de travailler sur deux est analphabète ou analphabète fonctionnel. C’est un enjeu majeur d’autant plus qu’une enquête de l’Office québécois de la langue française (OQLF) en 2020 a révélé que 36 % des employeurs sondés — sur tout le territoire — ont dû rejeter au moins une candidature parce que la personne n’avait pas des compétences suffisantes en français. Le gouvernement doit redonner ses lettres de noblesse à la langue française en s’attaquant au taux inquiétant d’analphabétisme au Québec. À cet effet, les employeurs sont prêts à apporter leur contribution à la formation et au rehaussement des compétences. Il faut les considérer comme des collaborateurs dans cette mission qui doit rallier toutes les sphères de notre société.

La pandémie a mis en lumière la nécessité de rehausser les compétences des travailleurs et amené des modifications en profondeur du monde du travail, ses effets se feront sentir à long terme. Elle a amené les sociétés à se transformer et à déplacer les priorités vers d’autres objectifs comme l’achat local, la sécurité des chaînes d’approvisionnement et de nouveaux arbitrages par les individus en ce qui a trait, par exemple, au choix de leur lieu de résidence. Elle a également accéléré la transformation technologique et modifié les interrelations économiques. On observe une importance accrue des données et des actifs immatériels, un changement de l’espace géographique du travail et une distanciation sociale qui a pu profondément modifier les relations entre individus. La pandémie a également creusé certaines inégalités entre des types d’emploi et des secteurs d’activités.

Enfin, nous ne pouvons faire abstraction des changements climatiques, dont les effets se manifestent de plus en plus durement et qui ont déjà amené les gouvernements et les employeurs à prendre des décisions qui tracent la voie à des transformations profondes et qui vont certainement prendre des formes plus tangibles dans un proche avenir.

C’est dans ce contexte que le CPQ renouvelle sa réflexion sur ces enjeux fondamentaux et propose cette plateforme économique. Le Québec dispose de nombreux atouts afin non seulement de traverser cette crise, mais aussi de maintenir sa place enviable parmi les sociétés où il fait le mieux vivre au monde. L’atteinte de nos objectifs nécessitera l’apport d’idées originales et une forte cohésion sociale.

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